La pepiniere

Je réalise une très grande partie de mes plants moi-même. Cela me permet de réaliser des économies et d’éviter des allers retours pour aller chercher des plants chez le pépiniériste. Mais cela m’offre aussi une plus grande flexibilité d’implantation, car si je vois que je suis en retard pour libérer une planche permanente, je peux décider de retarder le semis en pépinière de la future culture destinée à cette planche. Avec mon pépiniériste, je suis obligé de définir un calendrier de livraisons en début d’année et de respecter ce calendrier, même si je n’ai pas de place au jardin. Réaliser mes plants me permet aussi un plus grand choix dans les variétés, et m’évite d’importer des maladies éventuelles de chez le pépiniériste.

Pépinière pour un petit maraichage
Figure 1 : Pépinière au printemps 2016

Pepinieres

J’utilise deux pépinières d’environ 20 m2 chacune pour réaliser mes semis, avec des tables de chaque côté d’une allée centrale. Ainsi mes semis sont à la bonne hauteur pour les surveiller et les manipuler, et ils sont aussi à l’abri des limaces !

Je réalise tous mes semis dans des plaques alvéolées multi cellules, dont les dimensions sont de 40cm par 60cm, et qui contiennent entre 40 et 150 cellules par plaques. Ainsi, les plaques de 40 cellules de 7cm par 7cm permettent d’accueillir les plants de cucurbitacées ou de solanacées, ceux de 96 cellules permettent de réaliser les plants de salades, de choux ou encore de betteraves, et les plaques de 150 cellules accueillent eux les aromatiques où les fleurs comestibles destinées au mesclun. Ces plaques permettent de réaliser une économie significative de tourbe, elles sont très pratiques à utiliser, forment des mottes coniques et aérées idéales pour la transplantation, et semblent donner une meilleure précocité au printemps en maintenant la chaleur de la nappe chauffante prisonnière sous la plaque, autour des alvéoles. Ainsi, j’ai constaté 3 jours de retard sur des plants de concombres que j’avais semés dans des pots individuels par rapport à ceux que j’avais semé en plaques juste à côté.

Semer

Pour semer, je remplie d’abord la plaque de terreau (sacs KKS bio de 25kg livrés en palettes).
Dans une des pépinières j’ai une table avec des bords de 15cm sur tous les côtés, sur laquelle je verse un sac de terreau à la fois. Les bords sont très pratiques car je peux poser mes plaques alvéolées sur la table et remplir de terreau sans en mettre partout. Une fois la plaque remplie de terreau, je tasse un peu avec mes doigts pour raffermir les mottes de chaque cellule : elles se tiendront mieux quand je les sortirai pour les transplanter. Pour les plaques de 96 cellules, qui sont de loin celles que j’utilise le plus, j’ai fabriqué une petite plaque en bois avec des boutons de portes vissés aux emplacements des cellules. Grâce à elle je peux tasser d’un seul coup une ligne de 8 cellules, ce qui me fait gagner un temps précieux. Une fois tassée, il doit rester environ 0,5 à 1cm entre le terreau et le bord de chaque cellule.

lants de Basilic en plateau de 240 multicellules
Figure 1 : Plants de Basilic en plateau de 240 multicellules

Ensuite je place une seule graine dans chaque cellule, sauf pour certaines semences qui sont plus capricieuses ou qui marchent bien en poquets : aromatiques, fleurs, épinards. Je recouvre enfin légèrement de terreau, et je mets une étiquette dans une des cellules avec la variété et la date de semis pour le suivi.

Les semis sont échelonnés sur une bonne partie de la saison pour assurer les séries successives de légumes. Concrètement, j’essaie je faire une bonne session de semis toutes les semaines ou deux semaines.

Arrosage

J’utilise un système d’aspersion très fine spécialement adapté pour les pépinières, avec un programmateur pour m’aider à gérer le dosage et la régularité de l’irrigation. Au printemps et à l’automne quand les jours sont encore frais, je privilégie une irrigation manuelle avec une douchette en mode brumisation. Je veux m’assurer de ne pas trop arroser les plants pour ne pas favoriser les maladies comme la fonte des semis, ni refroidir inutilement la pépinière. Dès que les jours se réchauffent, je programme l’irrigation pour démarrer 1 à 6 fois par jour, pendant une durée de 1 à 2 minutes, en fonction du climat. Le débit des micro-asperseurs est de 40L/h, et les mottes des plants s’humidifient en plus ou moins 1 min si je ne les ai pas trop laissées sécher avant. Je privilégie l’irrigation entre 10h et 16h, pour que le feuillage sèche vite et que le risque de maladie fongique reste limité.

Temperature

Une nappe chauffante électrique de 6m par 1,20m me permet de démarrer mes plants au début du printemps. Régulée par un thermostat, elle permet de maintenir les mottes des semis à une température autour de 20º. La nuit et les jours très frais, je pose un voile thermique au dessus des plants pour maintenir davantage la chaleur de la nappe favoriser la croissance des plants.
Je sème en pépinière la plupart des légumes car ma surface cultivée est limitée : quand une planche destinée à accueillir des salades est encore occupée par une culture précédente au jardin, je peux semer en pépinière les salades 1 mois avant que la planche soit libérée, puis les transplanter ensuite. Cela me permet de faire jusqu’à 3 rotations en plein champ, et de mieux rentabiliser ma surface de culture. Je transplante les salades, les betteraves, les épinards, la mâche, les pois, les haricots, les choux, les cucurbitacées, les solanacées (sauf patates bien sûr).

Pas de semis pour...

Les seuls légumes que je sème directement sont les radis, les navets, les carottes et le mesclun, car la densité est telle que le travail de semis en pépinière et de transplantation serait de l’ordre de plusieurs dizaines d’heures par planche!

Plaques ou motteuses ?

La plupart des maraîchers sur petites surfaces que je connais et qui font leurs propres plants fonctionnent avec des motteuses manuelles. Cela fait des mottes carrées beaucoup plus compactes, qui consomment plus de terreau. Mais c’est une solution qui marche tout à fait et qui est moins chère que les plaques alvéolées. En effet chaque plaque coûte 5€ et il m’en faut 60 à 80 pour ne pas en manquer pendant la saison. J’ai pour ma part toujours fonctionné avec des plaques alvéolées et j’en suis très content. J’ai parfois eu des mottes qui n’étaient pas assez tassées et qui se défaisaient lors de la transplantation, mais jamais de catastrophe. J’ai appris à tasser suffisamment, mais pas trop non plus car les racines des plants se développent mieux dans les mottes relativement aérées. J’ai également appris à reconnaître le bon niveau d’enracinement pour la transplantation : je transplante lorsque les racines se sont bien développées dans toutes la motte, et avant qu’elles ne s’enchevêtrent par manque de place. Ainsi, les racines sont en pleine vigueur et elles maintiennent la motte bien en place. Il m’est alors facile de les transplanter sur la planche en ayant fait un trou au plantoir au préalable. Grâce à leur forme conique, les mottes s’adaptent parfaitement au trou laissé par le plantoir. Pour les laitues, je fais un trou préalable très petit, et je plante seulement le bout de la motte dans le sol. La laitue est ainsi surélevée du sol et ses feuilles basses resteront plus saines.