Les planches permanentes mulchees

Voici en introduction une vidéo réalisée en 2015, dans laquelle je présente mes planches permanentes mulchées. Je m'excuse pour la mauvaise qualité de son et d'image, j'en referai une bientôt sur mes nouveaux jardins!

Toutes mes planches de cultures sont des planches permanentes de 25m de long par 80cm de large, mulchées avec 15cm de compost de déchets verts (tontes, tailles d’arbres et de haies).

Ces planches permanentes sont délimitées par un bardage en bois de 15cm de haut. Cela me permet de créer des petites terrasses perpendiculaires à la pente et de maintenir le compost sur les planches permanentes. Dans les endroits les plus pentus du jardin, avec une pente proche des 30%, j’utilise en aval un bardage de 25cm de haut pour compenser la pente. Ce bardage en bois me permet aussi de me préserver des adventices, notamment des renoncules très présentes sur la ferme. Ainsi je peux aisément passer la tondeuse et le rotofil dans les passe-pieds enherbés sans risque d’abîmer les cultures, et les plantes invasives comme les renoncules sont stoppées par la barrière physique du bardage. J’ai mis en place le bardage la seconde année, et j’ai divisé mon temps de gestion de l’enherbement par 5 par rapport à la première année sans bardage.

Mais le plus grand intérêt de ce système repose sur le mulch de compost végétal de 15cm d’épaisseur.

planches permanentes mulch compost
Mes planches permanentes les plus en pente

La construction

En effet, pour réaliser mes planches permanentes, après avoir fixé le bardage en bois de 15 cm au sol à l’aide de petits piquets en bois, je remplis ce dernier de compost végétal issu de la plateforme de compostage de déchets verts de Chambéry, qui est certifiée « compost vert » utilisable en agriculture biologique. J’utilise leur compost criblé à 2 cm pour ne pas avoir de gros morceaux de bois dedans. Il est un peu plus cher que le compost criblé à 10 cm, mais le prix du compost est assez faible en comparaison avec le prix du transport, et cela me fait gagner beaucoup de temps par la suite car je n’ai pas à passer le râteau à feuilles systématiquement pour enlever les gros morceaux de bois à la surface des planches. Je pose ce compost directement sur la prairie permanente, sans retourner ni travailler le sol au préalable. Je ne l’incorpore pas au sol, car l’objectif est bien d’avoir un mulch en surface, et non d’incorporer de la matière organique en grande quantité dans le sol. De cette manière, le sol n’est jamais à nu, et son activité biologique est largement activée par ce compost en surface, amendé chaque automne avec le fumier composté des animaux de la ferme (chèvres et chevaux). Cette activité biologique est suffisante pour aérer le sol et me permet de cultiver tous les légumes sans jamais réaliser de travail mécanique de sol. Et comme je ne travaille pas le sol, je ne perturbe pas son activité biologique, ce qui crée un cercle vertueux qui fonctionne au jardin depuis 3 ans.

Le compost de dechets verts

L’analyse chimique du compost de déchets verts montre qu’il ne contient presque pas de nutriments pour le sol. S’il était riche en nutriments je ne pourrais pas en utiliser une telle quantité pour mulcher mes planches, car je risquerais de polluer les sols et les nappes phréatiques par lessivage de tous ces nutriments. C’est au contraire un humus mûr (12 mois minimum) et stable, avec un rapport carbone/azote de 15 à 25, et un pH de 7,5 à 8. La teneur en oligo-éléments est également contrôlée pour chaque lot de compost qui sort de la plateforme, et pour nos lots elle a toujours été nettement inférieure aux normes en vigueur. La forte teneur en bois et donc en lignine du compost engendre une potentielle faim d’azote, car les micro-organismes qui transforment la lignine consomment l’azote du sol pour réaliser cette dégradation. C’est pour cela que j’amende en fumier composté, parce que le compost n’est pas riche et qu’en plus il peut consommer l’azote du sol.

Semis direct dans le mulch de compost

Enfin le mulch de compost vert présente un avantage important sur les autres types de mulch : il est possible de semer et transplanter directement dedans puisque c’est du terreau, contrairement aux autres mulchs comme la paille, le foin, le BRF ou la toile tissée.

semis direct compost semoir JP1
Semis direct dans le compost avec le JP1
semis mulch compost
Les radis semés dans le compost

Préparer le lit de semence

Pour créer un bon lit de semence, j’utilise le microculteur, un outil que j’ai acheté 700€ sous le nom de « tilther » chez la coopérative maraichère américaine Johnny’s Selected Seeds. C’est un mini motoculteur d’environ 40cm de large et dont le diamètre de la fraise mesure moins de 10cm. Il travaille uniquement les 4 premiers centimètres du sol. Entraîné par une visseuse électrique à batterie, cet outil est peu puissant et ne permet pas de travailler un sol compacté. En revanche, il est excellent pour créer un lit de semences à partir d’un sol déjà travaillé ou d’un compost végétal. Je l’utilise également pour incorporer au compost mes amendements tels que le carbonate grossier ou le fumier composté.

microculteur lit semence
Je prépare le lit de semences avec le microculteur

Un mulch et non un substrat de sol

Le mulch de compost vert est très drainant et de couleur noire, il se réchauffe donc très facilement au printemps. Les racines des semis ou des transplants commencent à se développer dans le compost et se faufilent très vite vers le sol où elles s’étoffent largement. Les plantes poussent donc principalement dans le sol en dessous du compost et non dans le compost même. Le compost végétal est facilement séchant en surface, sur les deux premiers cm. En revanche, au delà de ces deux premiers centimètres le mulch reste frais et retient bien l’humidité du sol. Je veille donc toujours à bien irriguer en aspersion pour faire lever les semis et permettre aux transplants de reprendre sans stress. J’ai une préférence pour la micro-aspersion, qui donne de très bons résultats pour humidifier uniformément la surface sans consommer beaucoup d’eau.

Le cout, en euros et en heures

Le compost me revient à 10€/m3 livré au jardin, ce qui représente 30€ par planche permanente, dans lesquelles je mets environ 3m3 de compost. Cela me coûte encore 30€ de bois par planche permanente pour réaliser le bardage, soit 60€ au total pour une planche permanente de 20m2. C’est également un investissement en temps important pour construire ces planches. Concrètement il me faut 3h30 à deux personnes pour monter le bardage de 7 planches permanentes, et 2h pour remplir une planche de compost à la brouette. Dans mes nouveaux jardins à la ferme des Buis, bien plus plats que sur la ferme de la Berthe, je peux circuler facilement en tracteur à cheval sur les planches permanentes, avec les roues de chaque côté dans les passe-pieds. Je suis donc en train de construire avec la (grande) aide de mon père une épandeuse à compost qui sera attelée au tracteur et qui épandera le compost sur les planches grâce à un tapis roulant. Le temps de mise en place et la pénibilité du travail devraient être considérablement limités grâce à cette machine, verdict dans quelques semaines!

Je descends les planches de bardage aux jardins
Je descends les planches de bardage aux jardins
Un chantier collectif pour remplir nos planches de compost
Un chantier collectif pour remplir nos planches de compost