Rentabilite des cultures

.La rentabilité des cultures est fortement dépendante de la compétence technique des maraicher.es, de la fertilité du sol et du climat. 

Les chiffres que je donne ci-dessous sont donc à prendre avec précaution : ce sont ceux que j'obtiens sur ma ferme en 2021, avec plusieurs années d'expérience maraichère.

D'autre part, il faut également prendre en compte que, au cours des 4 dernières années, nous avons rendu nos sols très vivants et fertiles :

  • 16% de Matière Organique dans les 20 premiers cm du sol
  • 18 tonnes/ha de vers de terre sous les planches de cultures
  • 280 unités d'azote/ha/saison générés par les micro-organismes du sol
  • Très forte minéralisation de l'azote et du carbone

Alors que nos sols sont historiquement très pauvres, lourds et froids, ce sont nos pratiques MSV (Maraichage sur Sol Vivant) qui nous ont permis d'obtenir aujourd'hui cette fertilité. Grâce à cela, nous avons vu nos rendements progressivement et considérablement augmenter depuis 4 ans.

 

Les cultures les plus rentables sur notre ferme sont les haricots verts, les tomates, les aubergines, les pommes de terre nouvelles, la salade, les pois croquants, les oignons frais.

Je vous présente les niveaux de productions "par planche", c'est à dire sur une planche de culture de 25m de long par 80cm de large, soit 20m2 cultivés.

 

Les salades

C'est ce que la plupart des clients achètent chaque semaine, il est important pour moi d'en avoir tout au long de la saison. Je cultive environ 300 salades sur une planche de 25 m par 80 cm, et j'en commercialise l’équivalent de 250 (pertes courantes, calibre). Cela me rapporte donc 250€ par planche en un à deux mois de culture en fonction de la saison, pour très peu de travail (semis en pépinière et transplantation sur toile tissée). L'irrigation est en place et programmée pour tout le jardin de verdures-racines, ça ne représente donc pas un travail supplémentaire.

 

Le mesclun

En moyenne 60 kg par planche en un à deux mois de culture, 15€/kg soit 900€ par planche. Nous le vendons lavé au vinaigre blanc et essoré. Nous le vendons soit en vrac, soit conditionné en sachets fraîcheur micro perforés (achetés chez Casino en gros, environ 12 cts/sachet). Sa popularité est plus mitigée en Drôme qu'elle l'est en Savoie, et aujourd'hui j'en produit peu car je n'ai pas une très forte demande. En revanche j'ai beaucoup progressé techniquement sur la production de mesclun, et j'ai considérablement réduit le temps de travail pour cette culture en passant du semis à la transplantation, et en utilisant des salades multifeuilles (salanova) plutôt que des salades à couper.

 

Les carottes

Nous les vendons en bottes de 500g à 2,5€/botte. Semées en 6 rangs sur la planche, je récolte en moyenne 225 bottes en plein champ et 300 bottes sous tunnel, soit 560 à 750€ sur une planche en 3 mois de culture. Le semis est assez rapide, la levée plutôt bonne grâce à la micro-aspersion programmée. Le temps de désherbage est très aléatoire en fonction de la propreté initiale de la planche, et/ou de la présence d'adventices coriaces comme le liseron, le chiendent ou le pourpier. J'utilise un sarcloir manuel et/ou je désherbe à la main la culture une à trois fois en fonction de l'intensité de l'enherbement. Ensuite, la canopée formée par les fanes est assez dense pour préserver la planche des adventices.

C'est ce temps de désherbage aléatoire, en plus du temps de récolte et de bottelage, qui place cette culture plutôt parmi les cultures moyennement rentables sur ma ferme. Je conseillerais d'ailleurs aux débutants de commencer par des petites séries de carottes pour ne pas se faire déborder.

 

Les concombres

Je n'en cultive qu'une planche à la fois car ce n'est pas un légume que je vends en grandes quantités. En revanche, son rendement est impressionnant, jusqu’à 330 kg par planche à 3€ le kilo, ce qui représente environ 1000€ par planche. Le principal travail qu'il demande, comme les tomates et les aubergines, est le tuteurage et la taille. Je fais aussi très attention aux aspersions, car je trouve cette plante très sensible aux maladies fongiques.

 

Les pommes de terre nouvelles

Nos clients en sont très friands au printemps, et c'est une culture assez facile. Je n'ai jamais eu de gros problèmes de doryphores, peut-être parce que je ne cultive pas de pommes de terre de conservation et que je ne suis pas sur un territoire maraîcher ? Je produis environ 160 kg de pommes de terre nouvelles par planche en plein champ, et 200kg sous tunnel. Vendues à 10€ le kilo au tout début du printemps, leur prix tombe assez vite par la suite jusqu'à 5€ pour les delikatess, et 2.5€ pour d'autres variétés moins qualitatives. Cela représente tout de même entre 400 et 2000€ par planche, en 3 mois de culture.

 

Les tomates cocktail

Les tomates cocktail que je cultive produisent en moyenne 5,3 kg par plant, soit 530 kg par planche. Je les vends 2,9€/kg, ce qui représente plus de 1500€ par planche.

J’aime beaucoup ces tomates car les plantes sont très rustiques, productives, et les fruits sont bien meilleurs que les tomates rondes que je produis sur la ferme.

 

Les tomates rondes

Je récolte aujourd'hui 7,3 kg par plant sur la saison, soit 730 kg par planche. A 2,90€/kg, cela représente plus de 2100€ par planche.

 

Les tomates cerises

Je récolte aujourd'hui 3,6 kg par plant sur la saison, soit 360 kg par planche. Vendues à 7€/kg, cela représente plus de 2500€ par planche. Jaunes, noires et rouges, les tomates cerises sont les championnes de la rentabilité/planche sur la ferme, et en plus elles sont délicieuses !

 

Les tomates anciennes

Je récolte aujourd'hui 4 kg par plant sur la saison, soit 400 kg par planche. Vendues à 3,8€/kg, cela représente plus environ 1500€ par planche. Je cultive pour l'instant essentiellement des Cœur de bœuf, Andines cornues, Russes, Noires de Crimée et Green zebra.

 

Les aubergines

Je cultive des aubergines rondes qui se comportent mieux dans mes jardins que les aubergines longues. Je récolte environ 450 kg par planche de culture, soit 1700€ pour un prix de vente à 3,8€/kg.

 

Les courgettes

C'est une culture que je mène sur toile tissée ou paillage, qui demande très peu d'entretien et qui produit jusqu’à 250 kg par planche, soit autour de 500€. C'est sur la ferme la reine de la rentabilité/heure de travail, 3 fois plus rentable à l'heure passée que les tomates ou les haricots !

 

Les courges

C'est aussi une culture qui demande très peu d'entretien. Je ne produis que les petites courges “gourmandes” et faciles à vendre, comme les potimarrons, butternuts et Sucrines du Berry. Chaque planche produit un centaine de kg, à 2,6€/kg cela représente 260€/planche. C'est peu, mais c'est en rapport avec le très faible temps passé. Je cherche des cultures à mettre avant ou après pour augmenter la rentabilité annuelle des jardins qui accueillent les courges.

 

Les poireaux

C'est une culture qui est très appréciée des clients quand vient l'automne. Comme il est difficile de butter les légumes avec le système de planches permanentes bardées de bois, je procède autrement. J'achète les arrachis de poireaux qui sont du diamètre d'un crayon et d'environ 25 cm de haut. Je taille les racines et je les “praline” dans une boue que je prépare avec notre terre et de l'eau. Puis je place la toile tissée sur la planche, trouée avec 4 rangées et un espacement de 15 cm sur le rang. Avec la visseuse a batterie équipée d'une longue mèche de 30 cm, je réalise dans chacun de ces espaces des trous d'environ 20 cm dans la terre. Puis je place les plants de poireaux dans ces trous, dont les feuilles ne dépassent généralement que très peu. Les trous se reboucheront tous seuls en quelques semaines. J'irrigue par aspersion les premières semaines pour permettre aux plants de bien repartir, puis au GAG. Avec 600 plants par planches et un prix à 3€/kg, je peux espérer un revenu autour de 400€ par planche. Je ne cultive rien d'autre sur cette planche pendant la saison, donc le niveau de rentabilité n'est pas extraordinaire. L'essentiel du travail réside dans l'implantation, car faire tous ces trous avec la visseuse est assez long et pénible. L'enjeu est donc d'obtenir des beaux poireaux de bon calibre à l'automne, pour justifier tout ce travail !

 

L'oignon de conservation

C'est une culture que je trouve difficile et que j'ai mis longtemps a rendre vraiment rentable dans mes jardins. Je cultive l'oignon sur toile tissée et je l'irrigue au GAG. J'utilise des bulbilles pour gagner en calibre et en précocité. Je les plante assez tôt au printemps, fin février ou début mars. Avec les sols bien fertiles que nous avons réussi à obtenir sur la ferme, nous récoltons un peu plus qu'une centaine de kilos par planche, et nous les vendons 3€ le kilo. Nous enchainons une culture de choux directement après la récolte des oignons pour optimiser la production de ces jardins.

 

L'oignon frais en botte

Mes clients aiment bien les bottes d'oignons frais et c’est pour moi la façon la plus rentable de valoriser ce légume. Je plante les mottes d'oignons blancs en Novembre sous tunnel, et je les récolte en mars et avril. Le rendement peut atteindre 480 bottes par planche. A 2€/botte, cela représente 960€ par planche, ce qui est très satisfaisant pour moi pour une culture d'hiver qui laisse rapidement la place à d'autres cultures au printemps.